Lolita - Méprise sur un fantasme
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Edité par Compagnie des Phares et des Balises
Par son succès phénoménal, le roman le plus connu de Nabokov a fait du surnom de son héroïne un nom commun et a popularisé le mot "nymphette". Dans l'imaginaire collectif, ces deux termes désignent une jeune aguicheuse, sexuellement précoce, qui se plaît à susciter les désirs masculins. Pourquoi la tragédie de Dolores Haze, alias Lolita, orpheline de 12 ans violée par son beau-père, que nous ne percevons qu'à travers le fantasme criminel de ce dernier, reste-t-elle caricaturée depuis si longtemps ? Pour rendre justice au "livre le plus incompris de l'histoire de la littérature", que certains considèrent aussi comme une apologie de la pédophilie, Olivia Mokiejewski revient aux sources. Manuscrit brûlé, rejeté, publié, censuré, réédité puis encensé, avant de trouver place parmi les chefs-d'oeuvre universels, "Lolita" devra à son sulfureux sujet autant qu'à sa puissance littéraire une part de sa gloire. Celle-ci n'a fait qu'amplifier la méprise, malgré les mises au point mi-irritées, mi-résignées de Vladimir Nabokov - entre autres sur le plateau d'"Apostrophes" en 1975, deux ans avant sa mort, face à un Bernard Pivot malencontreusement égrillard, qui illustre l'ampleur du décalage. Olivia Mokiejewski rend hommage à la stupéfiante modernité de "Lolita", qui, près de soixante-dix ans après sa parution, nous confronte à une vérité humaine que beaucoup se refusent encore à voir.